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QUESTIONS D’Héloïse ET RÉPONSES D’ABÊ ! ARD. 5-5

pécher ; qu’elle fasse ce qu’elle veut ; elle ne pèche pas en se mariant. » L’in- tempérance dans les exigences des époux l’un vis-à-vis de l’antre est même concédée par iudulgence, par les raisons que j’ai énoncées plus haut.

Quand donc l’Apôtre dit : « Que celle qui n’est pas mariée pense aux choses du Seigneur, afin d’être pure de corps et d’âme, » il ne faut pas l’entendre en ce sens que l’épouse chrétienne n’est pas pure de corps. C’est à tous les fidèles, en effet, que s’adresse cette parole : « Ne savez-vous pas que vos corps sont le temple de l’Esprit-Saint, que vous tenez de Dieu ? r> Oui les corps de ceux qui sont enchaînés par les liens du mariage sont purs aussi, lorsque ceux-ci sont fidèles à leurs devoirs et à Dieu. Celte pureté du corps, non-seulement l’infidélité de l’un d’eux ne la détruit pas ; tout au contraire, la pureté de l’épouse sauve l’infidélité de l’époux, ou la pureté de l’époux, l’infidélité de l’épouse, suivant ce témoignage du même Apôtre : « L’homme infidèle est sanctifié dans la personne de son épouse fidèle ; la femme infidèle est sanctifiée dans la personne de son fidèle époux. » Nul doute d’ailleurs que la grâce ne s’applique aux femmes qui ne sont pas mariées plus qu’à celles qui sont mariées. Et ailleurs : « Le lien conjugal subsiste, alors même que par stérilité manifeste, il n’est point suivi des fruits en vue desquels il a été contracte : lesîpoux fussent-ils sûrs de n’avoir pas d’enfants, ils ne doivent pas se séparer ni s’unir à d’autres pour avoir des enfants. Faire ainsi, c’est commettre un adultère, car les liens qui les unissent n’en subsistent pas moins. Jadis, chez nos pères, il était permis de prendre une autre femme, du consentement de l’épouse, afin d’avoir des enfants, produit de l’union et de la semence de l’une, des dons et de la puissance de l’autre ; est-ce chose encore permise aujourd’hui ou non ? je n’oserais le dire. Aujourd’hui, en elTet, il n’y a plus la ii ;ême nécessité de se marier qu’autrefois, alors que, même dans les familles où l’on avait eu des enfants, il était | ermis de prendre plus d’une femme pour accroître sa postérité, ce qui certes n’est pas permis maintenant. »

Et ailleurs : « Ce qu’est la nourriture pour la sauté de l’homme, lu com- merce de la chair l’est pour la santé de la race ; on ne peut donner satisfac- tion ni à l’un ni à l’autre sans certaines jouissances physiques ; prises avec mesure et maintenues par la modération dans les limites du besoin naturel, ce sont des satisfactions sans péché. Mais il en est du commerce de la forni- cation ou de l’adultère pour la propagation de la race comme des aliments illicites pour le soutien des forces. De même qu’est illicite l’aliment pris en vue de plaire au ventre et à la bouche, de même est illicite le commerce recherche en vue d’un plaisir étranger à la propagation de l’es|xVe. Enfin le commerce entre époux qui dépasse uu peu la mesure est faute vénielle au même degré que le désir intempérant des aliments permis. De même donc qu’il vaut mieux mourir de faim que de se nourrir des offrandes faites à des idoles, de même il vaut mieux vivre sans enfants que de chercher à eu avoir par un commerce défendu. Mais quelle que soit la source dont on