HYMNES D’ABÉLàRD.
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arrive journellement dans les églises paroissiales ou mineures, les occupa- tions du peuple forçant de faire tous les offices le jour et presque à la suite l’un de l’autre.
Et ce n’est pas seulement l’observation des moments qui nous induit en mensonge ; ce sont aussi les auteurs de certaines hymnes, lesquels, soit qu’ils aient jugé du cœur des autres par leur propre componction, soit que, dans un zèle de piété imprévoyante, ils aient voulu exalter les Saints, ont tellement dépassé la mesure, qu’ils nous font chanter des choses contre notre propre conscience, tant ils sont éloignés de la vérité ! Il en est si peu, qui, pleurant et gémissant dans l’ardeur de la contemplation ou dans la componction de leurs péchés, puissent véritablement dire : « Venons prier en gémissant ; remets-nous les péchés que nous avons commis ; » et ailleurs : « Reçois avec bienveillance nos gémissements et nos chants ; i et tels autres passages qui ne conviennent qu’aux élus, c’est-à-dire au petit nombre. Ne devons-nous pas craindre qu’il y ait présomption à chanter chaque année : • Martin, toi qui égales les Apôtres ; » ou à exalter sans mesure les mi- racles de certains confesseurs, en disant : « Auprès du tombeau qui nous a guéris naguère de nos souffrances, etc. ? — Votre sagesse en jugera. »
Ce sont ces raisons ou d’autres semblables, ainsi que le respect de votre sainteté, qui m’ont déterminé à écrire des hymnes pour le cours d’une année entière. Vous m’avez prié à ce sujet, épouses et servantes du Christ ; nous vous prions, en retour, d’alléger par vos prières, comme par un bras secou- rable, le fardeau dont vous chargez nos épaules, afin que semeur et mois- sonneur, travaillant ensemble, puissent ensemble aussi se réjouir.
(Suivent vingtrhuit hymnes).
II
L’office divin se compose de trois parties. Le docteur des Gentils l’établit ainsi, dans son épître aux Éphésiens, quand il dit : « Ne vous noyés pas dans l’ivresse du vin qui renferme la luxure ; mais remplissez-vous de l’Es- prit, vous entretenant de psaumes, d’hymnes et de cantiques spirituels, chantant et psalmodiant le nom du Seigneur dans vos cœurs. » Et ailleurs, dans répitre aux Colotsiem : « Que la parole du Christ habite abondam- ment en vous eu toute sagesse ; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres, par des psaumes, par des hymnes et par des cantiques spirituels, chantant de cœur les louanges du Seigneur. »
Quant aux psaumes et aux cantiques, ils ont été préparés dès longtemps dans les livres canoniques : point n’est besoin de notre zèle, ni du zèle de personne pour le composer aujourd’hui.
Biais les hymnes n’ayant pas de marque distinctive dans les saintes