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Page:Abelard Heloise Cousin - Lettres II.djvu/42

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LETTRES D’ÀBÉLARD ET D’HÉLOlSE.

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Seigueur lui-même, en mourant, assure, pour ainsi dire, à sa mère un autre 61s, charge de pourvoir à ses besoins temporels. Quel soin les apôtres aussi ont pris des saintes femmes, on le sait et nous l’avons dit ailleurs : c’est pour elles qu’ils ont institué sept diacres. Suivant ces autorités, et confor- mément d’ailleurs aux exigences* de la nécessité, nous ordonnons que, à l’exemple des diacres, les moines et les frères convers rendent aux monas- tères des femmes tous les services qui touchent à l’extérieur ; les moines étant particulièrement employés pour le service de l’autel, les convers pour les œuvres manuelles.

Il faut donc, ainsi que nous lisons que cela avait lieu à Alexandrie sous la direction de l’évangéliste saint Marc, au temps de la primitive Église, il faut qu’il y ait des monastères de femmes et d’hommes vivant sous la même règle, et que les hommes rendent aux femmes de leur communion les ser- vices extérieurs. Alors assurément les femmes observeront bien plus fidèle- ment leur règle, si des religieux pourvoient à leurs besoins, si le même pas- teur conduit les béliers et les brebis, en sorte que le chef des hommes soit aussi le chef des femmes, suivant l’institution apostolique : « Que le chef de la femme soit l’homme, comme Jésus-Christ est le chef de l’homme, et Dieu de Jésus-Christ. » C’est ainsi que le monastère de sainte Scholastique, situé auprès de celui de son frère, était soumis à sa direction et à celle de ses religieux, qui, dans leurs fréquentes visites, apportaient des lumières et des consolations.

Saint Basile nous parle aussi, dans un endroit de sa Règle, de la sagesse de ce gouvernement. « Demande : faut-il que celui qui dirige le couvent des frères ait, indépendamment de celle qui dirige les sœurs, des entreliens d’édification avec les vierges ? — Réponse : oui, à condition qu’on observera ce précepte de l’Apôtre : « Que tout se fasse avec ordre et saintement. » Et dans le chapitre suivant : « Demande : convient-il que celui qui dirige le couvent des frères s’entretienne fréquemment avec celle qui dirige les sœurs, quand certains frères en sont scandalisés ? — Réponse : l’Apôtre dit qu’il ne convient pas aux autres de juger ce qui est libre. 11 est bon cepen- dant d’imiter l’Apôtre dans sa conduite ; « Je ne me suis pas tervi de mon pouvoir, dit-il, de peur de porter la moindre atteinte à l’Évangile du Christ. • Autant que faire se peut, il faut donc voir rarement les sœurs, et 1rs entre- tenir brièvement. »

Le concile de Se ville tient le même langage. < D’un commun accord, dit- il, nous avons décidé que les monastères de femmes de la Bétique seront placés sous l’administration et le gouvernement des moines. C’est rendre service aux vierges consacrées à Jésus-Christ que de leur choisir des pères spirituels, qui non-seulement tiennent le gouvernail de leurs affaires, mais dont les lumières puissent les édifier. Toutefois les précautions suivantes sont recommandées aux moines. Tenus loin de toute relation privée avec les religieuses, ils n’auront pas la liberté d’approcher même jusqu’au vestibule ;