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LETTRES D’ABELARD ET D’HÉLOÏSE. 283

tructions que par son intermédi tire, ne se risque jamais à leur parler. Toutes le* fois que la diaconesse le mandes qu’il ne se fasse pas attendre, qu’il ne tarde pas à exécuter, autant que faire se peut, ce qu’elle lui aura demandé pour elle ou pour ses religieuses. Lorsqu’il sera appelé, qu’il ne parle jamais à la diaconesse qu’en public et en présence de personnes éprouvées ; qu’il ne s’approche pas trop d’elle, et qu’il ne la retienne pas trop longtemps. Tout ce qui concerne le costume, la nourriture, l’argent même, s’il y en a, sera réuni et conservé chez les religieuses : elles pourvoiront, de leur su- perflu, au nécessaire des frères. Les frères s’occuperont donc de tous les soins extérieurs, et les sœurs de tout ce qu’il convient à des femmes de faire a l’intérieur,c’est-à-dire découdre les habits des frères, de les laver, de pé- trir le pain, de le mettre au four et de l’en tirer cuit ; elles auront le soin du lai Lige et de tout ce qui en dépend ; elles donneront à manger aux poules et aux oies ; elles feront enfin tout ce que dos femmes peuvent faire mieux que des hommes.

Le supérieur, dès qu’il aura été établi, jurera, en présence del’évêque et des sœurs, de leur être un* fidèle économe en Jésus-Christ, et de veiller ri- goureusement à ce que leur chasteté ne reçoive aucune atteinte. Si par ha- sard, ce dont Dieu le préserve, lévèque le trouve en défaut sur quelque point, il le déposera aussitôt comme parjure. Tous les frères, en faisant leurs vœux, prêteront aussi serment aux sœurs ; ils jureront de ne les laisser souffrir en rien, et de veiller également, dans la mesure de leur pou- voir, à leur pureté charnelle. Aucun moine n’aura donc accès auprès des sœurs sans la permission du supérieur, et ne reeewa que de In main du supérieur ce qui lui sera adressé par elles. Aucune sœur ne franchira l’en- ceinte du monastère ; tous les soins extérieurs, ainsi que nous l’avons dit, regarderont les frères : aux forts de s’occuper des travaux qui demandent de la force. D’un autre côté, aucun frère n’entrera dans l’enceinte du couvent des femmes, si ce n’est avec la permission du supérieur et de la diaconesse, et pour un motif de nécessité ou de bienséance. Celui qui enfreindra cet or- dre sera aussitôt expulsé. *

De peur cependant que les hommes n abusent de leur force pour opprimer les femmes, nous voulons qu’ils n’entreprennent rien contre la volonté de la diaconesse, et ne fussent rien qu’avec son consentement. Hommes et femmes, tous jureront obéissance à la diaconesse, en sorte que la paix soit d’autant plus solide et la concorde d’autant plus ferme, que les plus forts auront moins de pouvoir, et que les faibles, moins gênés par l’obéissance, auront moins à craindre la violence : il est certain que plus on s’humilie de- vant Dieu, plus on s’élève.

En voilà assez pour le moment sur les diaconesses ; venons maintenant aux ofiieières.