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LETTRES D’ABÉLARD ET D’HÉLOÏSE.

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donc bon qu’elle fasse bonneur à la tenue de la maison, qu’elle ait la parole douce, l’abord agréable, afin, que ceux même qu’elle éconduira soient édi- fiés dans leur charité par la justesse des raisons qu’elle leur donnera. Car il est écrit : « Une réponse douce brise la colèrev et une parole dure fait mon- ter la fureur ; » et ailleurs : « Une parole douce multiplie les amis et apaise les ennemis. » Voyant plus souvent les pauvres et les connaissant mieux, c’est elle qui leur distribuera les aliments et les vêtements qu’on voudra leur donner. Dans le cas où elle aurait besoin, elle ou les autres offi- cieras, d’assistance et de soulagement, la diaconesse leur donnera des sup- pléantes qu’elle choisira particulièrement parmi les sœurs converses, pour qu’aucune sœur ne manque au service divin, au chapitre ou au réfectoire.

La portière aura un petit logement auprès de la porte, afin qu’elle ou sa suppléante soit toujours prête à répondre aux arrivants. Elles n’y devront pas rester oisives, et elles s’attacheront d’autant plus à observer le silence, que leur bavardage pourrait plus facilement arriver aux oreilles des per- sonnes du dehors. À la portière incombe le soin, non-seulement d’écarter les hommes, mais de fermer la porte aux bruits qui pourraient pénétrer dans le couvent : elle sera responsable de tous les abus de cette sorte. Si elle entend quelque chose qui mérite d’être su, elle ira en faire part secrète- ment à la diaconesse, qui prendra telles mesures qu’elle jugera opportunes. Dès qu’on a frappé ou appelé à la porte, elle doit se présenter, demander aux survenants ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent, et leur ouvrir aussitôt, s’il y a lieu, pour les recevoir. Les femmes seules pourront être reçues dans l’intérieur du couvent ; les hommes seront dirigés chez les moines. Pour quelque motif que ce soit, aucun ne sera admis dans le couvent que sur l’avis et par l’ordre de la diaconesse. Quant aux femmes, elles auront im- médiatement porte ouverte. Les femmes accueillies, les hommes entrés pour un motif quelconque, la portière les fera demeurer dans sa cellule jus- qu’à ce que la diaconesse ou les sœurs, s’il y a nécessité ou convenance, viennent les recevoir. Si ce sont des pauvres à qui il faille laver les pieds* la diaconesse elle-même et les sœurs s’acquitteront avec empressement de ce devoir d’hospitalité. C’est en se livrant à cet humble service d’humanité que l’Apôtre a mérité le nom de Diacre, ainsi qu’il est dit dans la Vie des saints Pères : « L’Homme-Dieu s’est fait diacre pour vous : il s’est ceint d’un linge pour laver les pieds de ses disciples, et il leur a fait laver les pieds de leurs frères. » C’est ce qui a fait dire à l’Apôtre en parlant de la diaconesse : « … si elle a donné l’hospitalité, si elle a lavé les pieds des pauvres… » Et le Seigneur lui-même : « J’étais étranger et vous m’avez reçu. » Toutes les oflicières devront être instruites de ces devoirs qui n’ont pas de rapport avec les lettres, excepté la chantre, et celles, s’il s’en trouve, qui se livrent à l’étude des lettres, et qui n’en doivent pus être distraites.

IX. Que les ornements de l’église soient suffisants ; qu’ils n’aient rien de superflu ; qu’ils soient propres plutôt que précieux. Point de matière d’or