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LETTRES D’ABÉLARD ET D’HÉLOÏSE.

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ou d’argent, sinon nn calice ou plusieurs, s’il le faut. Point d’autres orne- ments en soie que les étôles et les manipules. Point d’images taillées : une croix de bois sur l’autel ; une peinture de l’image du Sauveur n’est pas in- terdite, mais les autels ne doivent avoir aucune autre image. Deux cloches suffisent au monastère. Un vase d’eau bénite sera placé à l’entrée de l’é- glise, au dehors, afin qu’avant d’entrer le matin, ou au moment de sortir, à coroplies, les religieuses puissent se sanctifier.

X. Nulle ne peut s’absenter aux heures canoniales ; au premier signal, toutes doivent tout quitter pour se rendre à l’office avec empressement, d’un pas modeste toutefois. En entrant dans l’église, que celles qui le pourront, disent : « Introibo in domum tuam, adorabo ad tcmplum sanctum tuum… » On n’aura point d’autres livres au chœur que celui qui sera utile pour l’of- fice du moment. Les psaumes seront récités à haute et intelligible voix, et la psalmodie ou le chant mis sur un ton qui permette aux voix les plus fai- bles de suivre. Il ne sera rien lu ni chanté dans l’église, qui ne soit tiré des écrits canoniques, du Nouveau ou de l’Ancieu Testament, et on aura soin de distribuer des lectures de façon que les Écritures soient lues en entier à l’Église dans le cours de l’année. Les sermons ou les exhortations des Pères de l’Église, tous les textes propres à l’édification seront lus particulière- ment au réfectoire ou au chapitre ; mais on en permettra la lecture partout où besoin sera.

Aucune religieuse ne se hasardera à lire ou à chanter, sans s’y être pré- parée. Si par hasard, malgré cette précaution, elle laissait échapper quel- que faute de prononciation à l’Église, elle s’en excusera aussitôt devant toutes ses sœurs en répétant elle-même au fond de son cœur : « Seigneur, pardonnez encore cette fois à ma négligence. »

Au milieu de la nuit, on se lèvera pour chanter les vigiles suivant l’in- struction du prophète, et, à cet effet, on se couchera de bonne heure, afin que les santés délicates puissent supporter cet exercice. D’ailleurs, tout ce qui appartient aux devoirs du jour doit finir avec le soleil, selon la règle de saint Benoît. Après matines, on entrera au dortoir pour n’en sortir qu’à laudes. Tout le reste de la nuit sera accordé aux exigences de la nature : le sommeil rafraîchit le corps, le rend propre au travail, le conserve sain et dispos. Celles qui ont besoin de méditer sur quelque psaume ou sur quel- ques lectures, suivant la règle de saint Benoît, doivent le faire, sans trou- bler le sommeil des autres. Voilà pourquoi saint Benoit dit méditation et non lecture, de peur que la lecture n’empêche les autres de dormir. Au reste, il n’oblige personne à cet exercice, puisqu’il dit : « Aux frères qui en ont besoin. » Si l’on a besoin d’apprendre à chanter, on devra s’imposer la même règle. v