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LETTRES D’ABÉLARD ET D’HÉLOlSE.

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sitôt tout le monde se lèvera pour les grâces. Dans l’été, après dîner, on se retirera jusqu’à none au dortoir, pour s’y reposer. ; après none, on reviendra à la besogne jusqu’à vêpres. Immédiatement après vêpres, on soupera, ou l’on fera collation, suivant l’ordre des temps. Les samedis, avant la collation, on se purifiera, c’est-à-dire qu’on se lavera les pieds et les mains. C’est la diaconesse qui s’acquittera humblement de ce service, avec les semainières de la cuisine. Après la collation, on se rendra aussitôt à compiles, puis on ira se coucher.

XI. Quant à la nourriture et à l’habillement, on observera le précepte de l’Apôtre qui dit : « Contentons-nous de nos aliments et de nos vêtements, » c’est-à-dire contentons-nous du nécessaire, sans chercher le superflu. On emploiera’ effectivement ce qu’il y a de moins coûteux, ce qu’on pourra se procurer le plus aisément et porter sans scandale. C’est seulement le scan- dale de sa propre conscience et de celle des autres que l’Apôtre recommande d’éviter dans la nourriture : il savait que le mal n’est point à manger, mais à manger avec gourmandise, i Que celui qui mange, dit-il, ne méprise pas celui qui ne mauge pas ; que celui qui ne mange pas, ne juge pas celui qui mange ; Dieu s’en est chargé. Qui êtes-vous, vous qui jugez le serviteur d’au- trui ? Celui qui mange, mange pour plaire au Seigneur, car il lui rend grâce, et celui qui ne mange pas, ne mange pas pour plaire au Seigneur, car il lui rend grâce aussi. Ne nous jugeons donc pas les uns les autres ; mais pensez plutôt que vous ne devez offrir à votre frère ni pierre d’achoppement, ni scandale. Je sais et je crois en Jésus-Christ, qu’il n’y a rien d’impur par soi, mais seulement par l’impureté qu’où y met, car le royaume de Dieu ne consiste pas dans le boire et le manger, mais dans la justice, dans la paix et dans la joie que donne l’Esprit-Saint. Tout est pur ; le mal est dans l’homme qui mange pour scandaliser les autres. Il vaut mieux ne point manger de chair et ne point boire de vin, ni rien faire qui puisse offenser ou scandaliser votre frère. » Le même Apôtre, après avoir parlé du scandale que l’on cause à sou frère, ajoute, au sujet du scandale que l’on se cause à soi-même en man- geant contre sa conscience : « Heureux celui qui ne se condamne pas lui-même, en ce qu’il veut faire ! Hais celui qui se demande s’il mangera, et qui mange, est condamné, parce qu’il n’agit pas par un acte de foi ; or, tout ce qui n’es^ pas acte de foi est péché, b

Nous péchons en tout ce que nous faisons contre notre conscience et notre croyance. Nous nous jugeons et nous nous condamnons nous-mêmes, au nom de la loi que nous avons reçue et acceptée, par cela seul que nous ap- prouvons, c’est-à-dire que nous mangeons tels aliments que, suivant celte loi, nous devons rejeter et condamner comme impurs» Telle est l’importance du témoignage delà conscience, qu’il suffit à nous excuser ou à nous accuser devant Dieu. C’est ce que rappelle saiut Jean dans sa première épître : a Mes