Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/93

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ment par Dieu. La perfection de la nature humaine, c'est l’homme, et la femme, qui, sans doute, trouve sa place dans le plan général du monde, n’est, par rapport à cette nature humaine, qu’un être « occasionnel » et incomplet. « Un homme manqué », voilà ce qu’est la femme pour l’ange de l’École.

L’homme seul a été créé à l’image de Dieu ; puis la femme à l’image de l’homme. Il s’ensuit que les rapports entre la femme et l’homme doivent être en quelque sorte calqués sur les rapports entre l’homme et Dieu, « L’homme, dit un illustre pontife, est la tête de la femme tout ainsi que le Christ est la tête de l’homme. » Et voilà par une affirmation aussi catégorique et par un tel argument, toute velléité d’émancipation par avance condamnée. La subordination de la femme à l’homme est dans l’ordre naturel des choses comme la subordination de l’homme à Dieu. « Il est constant que la femme est destinée à vivre sous l’empire de l’homme[1] et n’a de son chef aucune autorité… La femme qui refuse d’obéir à son mari est aussi coupable que l’homme qui se rebelle contre le Christ. » Nulle loi ne saurait être plus dure. L’émancipation féminine ? Non seulement atteinte à l’ordre social, mais bouleversement de l’ordre naturel et crime de lèse-divinité… Plus tard des théologiens laïques excommunieront la femme du nom de la science !

Sur deux points seulement, assez importants, il est vrai, Pères de l’Église et théologiens sont féministes. D’abord leur horreur du péché, la poursuite de la pureté qu’ils assignent comme but suprême à

  1. C’est le mot latin servire qui se trouve dans la décrétale. Or servire désigne les rapports de l’esclave au maître.