Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/125

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des en Chine que partout ailleurs — de leur tombeau, se montrer, dans la politique ou la littérature, les égales des hommes et aller jusqu’à revendiquer une amélioration de leur sort… bien rares aussi, on le comprend. Et, presque seule, la position sur les marches du trône, le port de la couronne d’émail bleu aux quadruples rangs de pendeloques de perles, du manteau de brocart rouge, passementé de dragons d’or, et du sceptre sommé de l’oiseau hiératique leur put donner une telle hardiesse.

La Chine, pourtant, eut ses Amazones qui, vêtues d’étincelantes armures, caracolèrent autour des empereurs ou prirent une part glorieuse aux luttes contre les Huns ; ses Jeanne d’Arc, telle cette Thing-Toc, femme du peuple qui, en 40 avant J.-C, appela le Tonkin à la révolte, battit les armées impériales, prit soixante-cinq villes et fut, par ses compagnons d’armes, ceinte du bandeau royal ; et, en nombre immense, de Liu-Hou qui, aux temps fabuleux, fut la première régente, jusqu’à Si-Tai-Hou, grand’mère du dernier empereur mandchou, ses Agrippine, ses Catherine de Médicis, ses Frédégonde. Wou-Héou, qui fut en effet presque contemporaine de l’épouse de Chilpéric, est comme elle une simple servante. Elle s’élève par sa séduction et, après s’être débarrassée de l’impératrice, se maintient sur le trône plus de cinquante années par la seule force de son ascendant personnel et de son génie despotique. Elle entend réhabiliter les femmes en sa personne et elle accomplit les cérémonies religieuses réservées au seul empereur, dont sa femme était jalousement exclue, se pare des habits et des titres du Fils du Ciel. Toutes celles qui, par la suite, usurpèrent le pouvoir