Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/139

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toute injustice, effaçant toute souillure, régnera sur l’humanité régénérée.

Descendante spirituelle des prophétesses albigeoises et vaudoises, une femme, Guillelmine de Bohême, se crut en effet l’incarnation de l’Esprit-Saint, le Christ des temps nouveaux.

Qui était cette femme qui, en 1281, surgit à Milan ? Pour mieux frapper l’imagination des foules, elle se disait de souche royale et issue d’un mariage mystique entre la reine de Bohême et le Saint-Esprit.

Peu importe d’ailleurs quelle femme a choisie le Saint-Esprit pour l’Immaculée Conception nouvelle. Guillelmine est, comme fut le Christ, la troisième personne de la Trinité. Elle est, comme lui, « vrai Dieu et véritable créature humaine ».

Mais pourquoi cette seconde incarnation, et pourquoi sous la forme féminine ? Parce que — la faute en est à la malice des hommes — toute la Rédemption n’est pas accomplie ; parce que le sexe féminin n’a pas été lavé encore de la faute d’Eve. Parce que, seule, la femme rénovée accomplira la totale rédemption du monde ; parce que, enfin, pour accomplir ou du moins entreprendre la grande œuvre en paix, il faut déjouer les persécuteurs que ne manquerait pas d’attirer la nouvelle révélation.

Guillelmine était belle, éloquente, charitable. La nouveauté de sa doctrine séduisit les esprits ; son charme personnel retint les cœurs.

Autour d’elle, c’est bientôt une petite Église : des femmes, veuves, jeunes filles ou matrones, quelques hommes aussi, tous âmes simples, humbles artisans, comme les premiers disciples du Christ.

Alors la doctrine se précise et se développe ; avec