Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/168

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la royauté, le préjugé des sexes n’échappera à leur critique.

Amenés à se demander si l’assujettissement des femmes est conforme à la raison, et faisant d’ailleurs à cette question, suivant leur tempérament et leurs idées, des réponses assez différentes, ils attireront l’attention sur le problème féminin et susciteront tout un mouvement d’idées d’où, les femmes s’y mêlant plus activement qu’elles n’avaient fait depuis un siècle, et rompant, suivant une escrime nouvelle, des lances en faveur de leur sexe, naîtra le féminisme révolutionnaire.

Les progrès du mouvement féminin sont d’ailleurs, en France du moins, hâtés par la profonde transformation politique et sociale dont, avant d’être une cause, le mouvement philosophique est lui-même un effet. Cette puissante armature que la royauté, en plusieurs siècles d’efforts, a construite, elle craque de toute part : l’autorité royale se dissout et s’énerve en des cabales de cour où la femme reprend une influence politique qu’elle-semblait avoir, sous Louis XIV, définitivement perdue. Les favorites règnent et gouvernent, et non seulement elles, mais les femmes des ministres, des maréchaux, des simples courtisans. Toute grande dame a ses partisans, sa politique, et, en dehors même de Mme de Pompadour et de Mme Du Barry, nombreuses sont celles qui exercent une influence décisive sur les événements. Dans la famille, la femme, du moins celle de la noblesse et, de la haute bourgeoisie, souvent la paysanne ou l’ouvrière que la nécessité de gagner sa vie arrache au foyer et fait pratiquement presque l’égale de l’homme, échappe