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Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/179

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fait-divers pour développer dans une brochure, dans une lettre ses thèses favorites, qui, présentées ainsi, agitent vivement l’opinion. Redresseur de torts, défenseur du faible. Voltaire le fut pour les femmes comme pour tant d’autres victimes de l’injustice sociale.

Écoutons-le, d’autre part, s’adresser à son amie Mme du Châtelet, cette femme savante, qui quelques mois fit de lui un homme de sciences. Il la félicita de montrer que la femme intelligente peut faire autre chose que de lire l’Astrée. « Il faut que votre exemple, écrit-il, encourage les femmes de votre sexe et de votre rang à croire qu’on s’ennoblit encore en perfectionnant sa raison. » Le sexe prétendu faible y est tout aussi apte que le sexe prétendu fort.

Vers la même époque où Voltaire adresse ces lignes à Mme du Châtelet (1736), le philosophe, sans doute sous l’heureuse influence de son amie, fait, avec une netteté que malheureusement il ne retrouva plus depuis, une véritable profession de foi féministe. À propos d’un opéra, les Génies, œuvre de Mlle Duval, il écrit que « les femmes sont capables de ce dont nous sommes capables ». Le libre esprit de Voltaire est donc affranchi du préjugé des sexes.

Ennemi des lois injustes qui écrasent les femmes, partisan pour elles d’une haute culture, les estimant les égales des hommes, Voltaire est féministe. Il n’aura jamais l’occasion cependant de faire une étude d’ensemble sur la question féminine. Mais souvenons-nous que Condorcet fut l’un des plus fidèles dépositaires de sa pensée.

Helvétius montrant que l’absurdité seule de l’éducation en usage est la cause de l’infériorité présente