Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/182

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l’homme feint de tenir la femme : « Les femmes, s’écrie l’auteur des Lettre péruviennes, naissent avec toutes les dispositions pour égaler les hommes. Mais, comme s’ils en convenaient au fond de leur cœur et que leur orgueil ne pût supporter cette égalité, ils contribuent à rendre, les femmes méprisables, soit en manquant de considération pour les leurs, soit en séduisant celles des autres. »

Ce sont là des réflexions qui échappent aux femmes comme aux hommes, au hasard de leurs œuvres. Mais voici que renaissent, sous forme didactique, les apologies.

Les ouvrages de Mme Galien, de Mme Gacon Dufour, de Mme de Coicy, plus ou moins tributaires, pour le fond et la forme, de Christine de Pisan ou de Poulain de la Barre, sont de véritables revendications des droits de la femme, toujours, bien entendu, au sens où l’on pouvait l’entendre au dix-huitième siècle.

De ce point de vue, l’ouvrage de Mme de Coicy est particulièrement curieux ; dans les Femmes comme il convient de les voir, elle constate que celle qu’on appelle la moitié du genre humain ne tient pas dans la société une place proportionnée à son importance. Toutes les fonctions publiques et nombre des emplois privés lui sont interdits. N’est-elle pas cependant aussi bien pourvue que l’homme d’intelligence et de vertu ?… et capable comme lui de travailler à la prospérité d’une entreprise particulière et à celle de l’État ? Dans l’ouvrage de Mme de Coicy comme dans la boutade de Beaumarchais, on voit poindre le féminisme économique, la revendication de l’égalité des sexes devant le droit