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LES GRANDES CAMPAGNES FÉMINISTES

gères, de mères de famille dévouées que, dans les pays où on leur fit confiance, les femmes devaient jouer.

Le plaidoyer de Stuart Mill fit en Angleterre une impression profonde. Alors même que le philosophe le mûrissait, l’homme politique lui voulait donner une conclusion pratique. Député de Westminster, il présentait à la Chambre des communes une pétition pour l’affranchissement des femmes du Royaume-Uni. Cette pétition portait 1 469 signatures, et celles-ci, Mme Fawcet les avait obtenues. « L’heureuse et charmante femme, âgée de soixante-douze ans aujourd’hui, dont la verte et active vieillesse voit le triomphe de la cause à laquelle elle s’est dévouée pendant quarante années, est le type accompli de la femme du monde mêlée à la politique que l’Angleterre a connue pendant le dix-neuvième siècle[1]. » Appartenant par son mari au monde politique, liée avec l’aristocratie et l’élite intellectuelle, énergique et tenace sans se départir jamais, comme le firent plus tard les suffragettes, de la douceur et du charme féminins, elle exerça sur ses compatriotes l’action la plus puissante. Grâce à elles les plus belles intelligences féminines furent gagnées à la cause de l’émancipation.

La proposition de loi présentée par Stuart Mill fut repoussée. Mais John Bright la reprend pour son compte, légèrement modifiée d’ailleurs, la défend avec éloquence et la fait triompher. Une loi d’août 1869 pourvoit les femmes, dans les mêmes conditions que les hommes, du suffrage municipal. Voilà la

  1. Louise Cruppi. Comment les Anglaises ont conquis le droit de vote.