Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/273

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Quelques voix isolées tombent dans le silence. Jenny d’Héricourt écrit, en 1860, la Femme affranchie, livre « où la violence des mots remplace malheureusement la force des arguments ». Juliette Lambert, dans les Idées antiproudhoniennes, développe ces idées, celles mêmes qui animent l’Histoire morale des Femmes de Legouvé : « La civilisation d’un peuple est proportionnelle au rôle de la femme… la société n’est progressive que sous l’influence de la femme… ; si la civilisation peut être regardée comme l’amortissement de la force, c’est à la femme qu’on le doit. »

Andrée Léo, « petite femme d’aspect doux et timide, que l’on prendrait plutôt pour une modeste bourgeoise que pour une révolutionnaire », écrit d’innombrables romans feuilletons où elle demande l’affranchissement de la femme mariée et l’unité de morale, et gagne à la cause de nombreuses adeptes.

Mais voici surtout, figure des plus originales et tranchant par sa personnalité étrange sur l’effacement de ses sœurs en féminisme, Olympe Audouard. Méridionale et gardant toujours de sa souche natale la verve, le bagout, la faculté d’exaltation, grande voyageuse et se grisant du soleil d’Orient et de la vie puissante et neuve de l’Amérique, passionnée tour à tour pour la politique active, le féminisme, le spiritisme. Olympe Audouard, lorsqu’elle eut, vers 1860, brisé la chaîne qui la liait à un notaire marseillais, tint pendant quelques années dans la capi-