Aller au contenu

Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

française. Révolté contre la loi divine et humaine, — ceux qui veulent être des penseurs ajouteront contre la loi naturelle, — destructeur de la famille et du foyer, tel il apparaît alors. Et des livres comme ceux de la doctoresse Madeleine Pelletier, dernière représentante d’un féminisme périmé, semblent donner raison à l’opinion. La femme en lutte pour ses droits n’est-elle pas animée contre l’homme d’une haine farouche ? ne propose-t-elle pas comme d’heureuses réformes la suppression du mariage et l’établissement d’un service militaire féminin ? On rit, mais l’on prend au sérieux quand même, et longtemps on ne veut pas apercevoir, derrière ces éclaireuses, bruyantes et isolées, la masse des féministes qui patiemment travaillent et dont l’aspect et la vie suffiraient à prouver que leurs théories sont parfaitement conciliables avec le mariage, la famille et l’ordre social.

C’est que, vers 1911, au moment où se fondent l’Union française pour le Suffrage des Femmes et la Ligue d’électeurs pour le Suffrage des Femmes, bien loin est le temps des Vésuviennes, bien loin même l’époque de Maria Deraisme et de Louise Michel.

Le féminisme, assez puissant pour vivre de sa propre vie, n’est plus lié à aucune doctrine sociale ni à aucun parti politique. Le Conseil national, l’Union française pour le suffrage des femmes groupent des personnalités venues de tous les points cardinaux de l’horizon politique ; le socialisme y voisine avec le catholicisme ; le nationalisme avec l’internationa-