Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/297

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masculin, il n’en peut permettre la discussion (25 février 1913), ou se retranche derrière la prétendue indifférence de la majorité des femmes anglaises. En réalité M. Asquith, comme les parlementaires de France, craint de voir les voix féminines renforcer ou le parti conservateur ou le labour party. Et, dans le doute, il s’abstient… Donc, si une centaine de femmes usent de leur droit de participer aux élections pour les conseils municipaux, les county council et les borough council, si quelques-unes arrivent à être premier magistrat de telle ville (Miss Anderson fut en 1909 mairesse d’Aldeburgh), le suffrage politique complet est pour les femmes ce qu’est le Home Rule pour les Irlandais : une grande espérance toujours démentie, et l’Allemagne un peu naïvement compte l’agitation suffragiste parmi les embarras de l’Angleterre.

Du Nord vient la lumière. — Le Nord, lui aussi, connaît maintenant ses militantes : en Suède, les femmes, groupées en de puissantes associations, vont trouver les ministres et prennent part aux campagnes électorales. Les voici dans les réunions publiques, haranguant les candidats masculins favorables à leur cause, mais toujours courtoisement et galamment accueillies. Les voici parcourant les villages perdus dans l’immense plaine où une femme fait à pied une tournée de 1 280 kilomètres. Leur enthousiasme, leur énergie sont égaux à ceux des suffragettes. Mais chez elles, nulle violence.

Si d’ailleurs elles gagnent dans les milieux libéraux des sympathies, si elles amènent le roi lui-même à