Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

En Europe centrale, les circonstances furent moins favorables ; et cependant le mouvement d’émancipation se poursuivit. L’Allemagne ne connaît pas les suffragettes, et c’est dans les toutes dernières années qui précédèrent la guerre que la femme allemande, « qui, dans l’austère attachement au devoir, a jusqu’ici travaillé pour la prospérité de la nation, commence à comprendre que, donnant des citoyens à l’État, elle peut aussi revendiquer les droits de citoyen ». Mais l’unité manque : les femmes socialistes ne suivent pas la même politique que les femmes libérales, qui, elles, n’osent demander le suffrage universel, même municipal, tant que les hommes ne l’ont pas obtenu. Du moins voit-on des femmes siéger dans les conseils des partis, prendre une part active aux campagnes électorales et obtenir de siéger dans les Conseils d’assistance aux pauvres, les Comités scolaires, les Chambres du travail.

Ainsi peu à peu les femmes participent à la vie sociale : première étape et utile école de la vie politique, à laquelle la guerre les trouvera dûment préparées.

Plus bouillantes, Autrichiennes, Tchèques et Hongroises poursuivent, elles, une très vive campagne en faveur du suffrage féminin. À Vienne, Prague, Cracovie, des milliers de suffragettes manifestent devant la Diète ou le Parlement. Les femmes tchèques convertissent à leur cause les social-démocrates et les radicaux bohémiens, qui, aux élections de 1907, présentent l’un et l’autre des candidatures