Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/311

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du pays. Elles sont commis de librairie, typographes, employées de commerce et de chemins de fer, dentistes, institutrices. Dans les filatures de soie et de coton, des milliers d’ouvrières, et qui à l’occasion font grève. Comme l’homme, donc, la femme japonaise a rapidement évolué, et l’on accepte cette évolution fatale. Quand cependant apparaît un véritable féminisme, quand un petit groupe d’hommes et de femmes réclame l’inscription de l’égalité politique des sexes dans la constitution, toute la tradition se dresse devant les téméraires. « La subordination des femmes est extrêmement correcte ; elle est la grande loi du ciel et de la terre ! » telle reste la pensée du vieux Japon.

Tandis que le féminisme fait le tour du monde, sur la terre américaine il progresse plus lentement que ses brillants débuts n’avaient pu le faire espérer. Dans l’Est, la muraille des préjugés européens se dresse toujours solide devant les suffragettes, et l’Ouest même, influencé sans doute par l’attitude d’un Congrès peu favorable à la grande innovation politique, ne se laisse que lentement gagner par le nouvel esprit. Pourtant, après le Washington et la Californie, l’Arizona, le Kansas et l’Orégon (1912), puis le Nevada et le Montana (1914) donnent aux femmes le suffrage politique, l’Illinois et l’Indiana le suffrage présidentiel. Mais les trois quarts des États restent marqués en noir sur les cartes suffragistes. Au vote près, d’ailleurs, l’Américaine est libre et elle a conquis presque tous les avantages que ses sœurs d’Europe attendent du bulletin de vote.