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Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/59

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ples, leurs conseils, les Athéniennes aux humbles soucis du ménage. Voilà quelques-unes d’entre elles devenues politiciennes. Est-il étonnant, dans ces conditions, qu’à la fin du cinquième siècle et au début du quatrième un véritable mouvement féministe se soit développé à Athènes, et que dans la démocratie athénienne qui émancipa les plus humbles, les femmes, à leur tour, n’aient revendiqué leurs droits ?

Sans doute, nous ne possédons aucun manifeste féministe, aucun traité de l’excellence des femmes, aucun texte historique qui mentionne une émeute de suffragettes. N’importe, le mouvement féministe, caché comme tant de profonds courants d’idées, se révèle à l’historien préoccupé de ces rapprochements qui jettent parfois sur des points obscurs une si grande lumière. D’abord par ces documents inappréciables : les deux comédies d’Aristophane : Lysistrata et l’Assemblée des Femmes. On en connaît les sujets, popularisés par maint auteur parisien. Rappelons-les cependant : Voulant forcer leurs maris à terminer une guerre dont elles souffrent, les femmes athéniennes, commandées par la hardie Lysistrata, décident de faire la grève conjugale. Et tandis que leurs maris se morfondent dans leurs demeures solitaires, elles négocient elles-mêmes la paix avec les déléguées de Lacédémone… La pièce des Harangueuses ou l’Assemblée des Femmes est plus nette encore. Praxagora, sous le simple prétexte que les hommes gouvernent mal, appelle toutes ses compagnes à la révolte. Affublées de costumes masculins, ornées de barbes majestueuses, elles s’introduisent dans l’assemblée, font voter la remise du pouvoir aux