Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aura part à tout et vivra de la même manière », où « la ville sera comme une seule et même maison », où, dépouillés volontairement de tous leurs biens, hommes et femmes feront table commune… et où de très courtes unions libres remplaceront le mariage.

Pour Aristophane, féminisme est synonyme de destruction de la famille et de révolution socialiste.

Suppose-t-on vraiment que tous ces aperçus, Aristophane les a tirés de sa seule imagination ? Autant avancer qu’il aurait écrit les Nuées sans Socrate et les Sophistes ; ce sont bien des théories assez répandues de son temps que sa verve présente sous une forme comique, comme l’a fait pour d’autres théories et tous les événements marquant de son époque le génial revuiste.

Ce sont d’ailleurs les comiques athéniens, Aristophane et ses confrères qui, sans doute sur un mot d’ordre officiel, commencèrent à faire à Sapho la fâcheuse réputation qui, malgré les efforts de généreux critiques, s’est, comme la tunique de Nessus, attachée à elle dans la suite des âges. N’était-ce pas le meilleur moyen de discréditer le mouvement féministe que de disqualifier celle qui, élevée jusqu’au rang des demi-dieux par son génie, symbolisait, aux yeux des aspirantes émancipées, le féminisme triomphant ?

Les théories phalanstériennes — socialistes et féministes à la fois — dont Aristophane se gausse, un grand philosophe, l’un des maîtres de la pensée antique, les a formulées. Dans sa République, le divin Platon tient en effet le communisme comme l’idéal d’une société bien organisée. Hommes et femmes, les uns et les autres considérés comme des membres