Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/64

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Sur sa femme comme sur ses enfants, il a droit de vie et de mort. Muette et esclave dans la maison paternelle, la femme ne trouve guère plus de liberté dans la demeure du mari que, malgré la fiction légale qui exige son consentement, elle a épousé de force. Suivant la forte expression latine, elle est « dans la main » du mari, qui veut bien lui confier, mais par simple délégation, le gouvernement domestique. Pour une faute légère, la femme est chassée et l’époux « lui redemande les clefs comme à une domestique qu’on renvoie ». Pour une faute grave, elle est passible de mort.

Perpétuellement mineure, la matrone romaine, qui, dans la légende, fait pourtant si brillante figure, est en réalité une esclave. Sa servitude ne cesse qu’avec sa vie. Aucune capacité politique, bien entendu, et, dans les premiers siècles de l’histoire romaine, dans la légende même, nulle de ces figures de reine qui se détachent, plus éclatantes, sur le fond d’or terni de l’histoire du vieil Orient.

L’émancipation par le luxe. — Les siècles passent ; au lendemain de la deuxième guerre punique, la femme a reconquis en partie sa liberté. Sous la poussée des idées nouvelles venues de Grèce, et de cet Orient où toujours subsiste, au moins dans la religion, la suprématie féminine, craque de toute part l’armature rigide de la vieille société. L’antique loi des douze tables se brise et la femme se dégage des chaînes. Elle sort de cette maison où la cloîtrait la loi des ancêtres, pour paraître en public et se mê-