Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/67

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de fileuses de laine, furent utiles à leur pays. Et voici d’ailleurs, à côté de faits plus ou moins légendaires, des faits réels. Pendant la deuxième guerre punique, toutes les femmes firent à la patrie ruinée le sacrifice de leurs bijoux.

Caton et les suffragettes romaines. — Lorsque est finie la grande guerre, les femmes de Rome, comme les Athéniennes du temps d’Aristophane, songent donc à obtenir dans l’État, dans la société, un rôle plus grand. Comme, à notre connaissance du moins, il ne s’est exprimé par nulle théorie, ce mouvement féministe est mal connu. Les débats passionnés qui s’élevèrent autour de la loi Oppia ne permettent pas de douter cependant qu’il ait réellement existé. Une loi votée pendant les guerres puniques — époque de restrictions — interdisait aux femmes de porter des vêtements de diverses couleurs. Les tribuns Valérius et Fundanus proposent l’abrogation de cette loi. Ils sont, les débats qui eurent lieu au sénat les révèlent, les porte-parole des femmes. Celles-ci, en effet, ont poursuivi depuis la victoire une action persistante auprès des hommes politiques pour obtenir la fin de ces vexations, légitimes seulement en temps de guerre, et le droit de s’habiller comme il leur plaît. Chacune pour son compte a sollicité son père, son frère, son mari. Réunies en délégations bruyantes, elles ont été trouver tribuns et consuls pour obtenir d’eux la promesse qu’ils seraient favorables à leurs intérêts.

État d’esprit dangereux ! Manœuvres subversives