Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/83

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chent au milieu des soldats et commandent les centurions. Fréquemment on les voit diriger les manœuvres des légions… sans protestation aucune de la part des soldats. Il ne s’agit donc plus ici de survivances lointaines des Amazones, mais de la reconnaissance, par l’opinion universelle, de l’égale aptitude des deux sexes à remplir les mêmes fonctions.

Sans doute ces usages soulèvent, sous Tibère, une interpellation au Sénat. Un disciple attardé de Caton veut encore une fois ramener les femmes à l’antique obéissance. Mais sa voix est sans écho, et les femmes des gouverneurs de province continuent de seconder leurs maris. Souvent d’ailleurs, au lieu de s’ériger en juges, en généraux, elles se réservent une sorte de ministère de la bienfaisance et un mécénat, accompli d’ailleurs par la plupart des femmes riches, même celles dont le mari n’a pas de titre officiel. Elles fondent des bibliothèques, ouvrent des hôpitaux, subventionnent les œuvres d’assistance publique (telle celle des jeunes Faustiniennes destinée par Faustine, femme d’Antonin, à secourir les jeunes filles pauvres) ; quelques-unes, patronnes de cités provinciales, représentent les intérêts d’un municipe et font pour lui les démarches auprès des autorités de Rome. Tout cela, au grand contentement des administrés, qui manifestent leur reconnaissance par d’exceptionnels honneurs. « Recevoir les citoyens et la République dans sa clientèle, la défendre et la protéger par son intervention, » ainsi le Sénat d’une petite ville italienne définit le rôle d’une femme à laquelle il vient de décerner le titre de mère et de protectrice de la cité.