Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/250

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Elle reçoit alors son brevet de maîtresse sage-femme et a le droit d’exercer.

Les sages-femmes de la capitale offraient donc d’assez sérieuses garanties de compétence. Formant une communauté qui possédait ses statuts particuliers, les sages-femmes élisaient d’ailleurs, comme les autres communautés, des gardes jurées qui devaient veiller au bon exercice du métier.

À la fin du xviiie siècle, on comptait à Paris plus de deux cents sages-femmes ; chaque quartier, chaque rue même possédait sa sage-femme diplômée[1] qui, installée dans un vaste appartement, pouvait loger quatre pensionnaires au moins et, souvent aidée de sa fille, accouchait les femmes et les filles-mères et se chargeant, dans ce dernier cas, de faire baptiser l’enfant et de le faire mettre en nourrice. S’il faut en croire Mercier, la sage-femme habile et discrète tient une très grande place dans la vie de la bourgeoisie et du peuple parisien. Et, sans son intermédiaire, bien des drames familiaux se dérouleraient.

En dehors de la capitale, les sages-femmes ne sont pas toujours nommées dans les mêmes conditions ni avec les mêmes garanties.

Dans la plupart des régions, c’est la communauté des chirurgiens qui décerne aux aspirantes sages-femmes des lettres de maîtrise. C’est cette communauté qui délègue un de ses membres pour recevoir l’aspirante après lui avoir fait passer un examen. Mais il semble bien qu’en dehors de la capitale cet examen se réduise à très peu de chose. En tout cas, aucun apprentissage sérieux ne paraît exigé des candidates. Quelques-unes de celles qui vont exercer en province ont, il est vrai, passé leurs examens à Paris[2].

Dans certaines régions, la Lorraine, par exemple, les sages-femmes sont élues par les femmes de leur paroisse réunies en assemblée et, après leur élection, prêtent serment d’exercer avec zèle et dévouement[3]. Ailleurs (Meaux), elles sont élues par le Conseil de ville, qui en fait de véritables fonctionnaires pourvues d’un traitement de 300 livres[4].

Celle qu’on choisit doit offrir des garanties d’honorabilité et de sérieux ; dans tel cas on choisit par exemple la femme du régent d’école. Mais il n’apparaît pas qu’on se préoccupe beaucoup de sa compétence.

  1. Mercier. Loc. cit.
  2. Arch. Comm., Grenoble, FF. 40.
  3. Arch. Départ., Meurthe-et-Moselle, Chabligny, Hatze, E. 3770.
  4. Annonces et affiches, 1763.