Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/474

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d’une communauté moins favorisée que celle des marchandes de modes. La corporation des bouquetières, supprimée en 1776, était parmi celles qui n’avaient pas été rétablies et elle avait été envahie par un très grand nombre de non professionnelles, souvent femmes sans aveu, de filles de mauvaise vie qui, dans leur métier, trouvaient une occasion de débauches et faisaient aux ouvrières qualifiées une mortelle concurrence. Pour éviter qu’il en soit ainsi et déclarant que leur cause particulière « est aussi celle des mœurs et celle du commerce des fleurs qui souffre de l’absence de toute police sur le carreau des Halles », les marchandes de fleurs demandent le rétablissement de leur corporation. Seul ce rétablissement, dit en leur nom Mme  Meali, syndique de leur communauté, permettra aux fleuristes honnêtes « de vivre de leur métier et de continuer leur assistance aux mères de famille que la corporation a l’habitude de soutenir »[1].

On le voit, les revendications ouvrières, chez les femmes comme d’ailleurs chez les hommes, tiennent peu de place et elles présentent un caractère seulement professionnel.

La question de la prostitution, qui est bien apparue à certains des rédacteurs des cahiers comme un aspect du problème économique féminin, a sollicité parfois l’attention. C’est le clergé, surtout, mais parfois le Tiers-État aussi, qui s’indignent de l’augmentation et de l’audace croissantes des filles de mauvaise vie[2] et qui demandent que l’on prenne les plus sévères mesures répressives pour la protection de la jeunesse. Ceux-ci veulent une réglementation nouvelle et plus sévère de la prostitution qui soumette les filles galantes de toute catégorie à la surveillance de l’État.

Ce sera le seul moyen d’empêcher la hardiesse effrénée avec laquelle les victimes de la prostitution « se répandent dans les rues, les places et les jardins, accostent les passants, les appellent de leurs croisées, presque sous les yeux des enfants et des jeunes filles, et répandent ainsi la contagion de leur mauvais exemple[3] ».

  1. Cahier des bouquetières, fleuristes et chapelières en fleur.
  2. Cahier du clergé de Paris. Cahier particulier de la ville de Paris. Cahier du clergé de Vouzon (bailliage d’Orléans). Cahier du Tiers-État de Bordeaux, etc.
  3. Cahier du clergé de Paris hors les murs. Cahier particulier de la ville de Paris.