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CHAPITRE III
LA FEMME ET LA VIE DE COUR
i. Émancipation de fait de la femme noble à la cour. — ii. Modes d’action de l’influence féminine à la cour. — iii. Composition de la noblesse féminine. — iv. Nomination aux emplois. — v. La femme dans les cabales de cour. — vi. Politique personnelle féminine (Mme de Pompadour et Marie-Antoinette).

« Dans les États despotiques, les femmes n’introduisent pas le luxe, mais elles sont elles-mêmes un objet de luxe, elles doivent être entièrement esclaves. Chacun suit l’esprit du gouvernement et porte chez soi ce qu’il voit ailleurs…

« Les femmes ont peu de retenue dans les monarchies parce que la distinction des rangs les appelle à la Cour, elles y vont prendre cet esprit de liberté qui est le seul qu’on y tolère. Chacun se sert de leurs agissements et de leurs passions pour faire avancer sa fortune… Le luxe y règne avec elles.

« Dans les républiques, les femmes sont libres par les lois, esclaves par les mœurs. »

Ces remarques de Montesquieu[1] sont d’une parfaite justesse ; elles synthétisent à merveille et le rôle des femmes de la Cour au xviiie siècle et quelques-unes des raisons pour lesquelles ce rôle est unique et exceptionnel dans l’histoire et n’est en rien comparable au rôle que, sous d’autres régimes, les femmes ont pu tenir dans la vie politique de leur pays.

Les monarchies orientales et certains régimes despotiques florissant dans des états semi-barbares, tels la monarchie franque, ont vu, à maintes reprises, les femmes gouverner en droit ou en fait. Mais celles qui gouvernent, mères, épouses ou maîtresses des sou-

  1. Esprit des lois. Ed. Didot, Paris, 1838, in-4o.