Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/148

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comité apparaissent bien comme les représentants d’une politique. Cette politique se définit nettement par contraste : en face de Machault, en effet, s’élève dans le ministère une puissance rivale : le comte d’Argenson, ministre réformateur dans son département de la guerre et qui, tenant par ses relations de famille quelques-uns des postes importants de l’État, placé à la tête d’un parti nombreux à la Cour et à la ville, rêve de jouer les Louvois et d’arriver officiellement au premier ministère.

La politique du comte d’Argenson peut se définir ainsi : soutien du trône et de l’autel. Il veut maintenir toutes les prérogatives royales en face du Parlement et rêve déjà du coup d’État qui sera exécuté par d’Aiguillon : la suppression des Parlements et leur remplacement par des conseils royaux.

Contre les parlementaires, contre le peuple qui le cas échéant les soutiendrait, il est prêt à employer la force.

Au point de vue religieux également, sa politique est en tout comparable à celle de Louvois. Il veut maintenir rigoureusement l’unité confessionnelle, pousse les gouverneurs de province à un retour de rigueur contre les protestants ; il veut faire strictement exécuter contre les jansénistes les dispositions de la bulle Unigenitus.

Combattre le jansénisme, c’est d’ailleurs une manière encore de combattre le Parlement. Naturellement il est approuvé, soutenu par le parti dévot, les jésuites, la camarilla de la reine et du dauphin, Mme  de Pompadour et son parti ont pris, eux, l’exacte contrepartie de ces idées. Ils sont partisans d’une politique modérée destinée à amener si possible la réconciliation entre les partis politiques et religieux. En face des Parlements, leur attitude est en général assez conciliante. Ils s’efforcent d’éviter les coups d’État contre les Parlements, font différer, le plus longtemps qu’ils le peuvent, les mesures de rigueur contre ces assemblées et, lorsque cependant le Parlement a été envoyé en exil, font tout leur possible pour y mettre fin. Sans doute, Mme  de Pompadour ne triomphe-t-elle pas toujours facilement de la prévention quasi instinctive du roi contre les Parlements qui, pour lui, sont des assemblées de républicains[1], et de la politique antiparlementaire du comte d’Argenson. Sans doute elle-même, lorsqu’elle est devenue dame du Palais, se rapprocha-t-elle quelque peu du parti dévot et laisse-t-elle s’affaiblir son zèle parlementaire. Cependant sa politique semble sur ce point assez nette. Comme le montre l’entrevue qu’elle eut en 1755 avec le président de Ménières, lorsqu’elle même s’improvisa négociatrice

  1. Mme  du Hausset. Loc. cit.