Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/289

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demain du traité d’Aix-la-Chapelle, paraissent suspectes. Espionne et escroc, une dame Wasser, fausse milady Montz, est arrêtée à plusieurs reprises[1].

Deux femmes du peuple de Paris, la veuve Lestibaudois et sa fille, font partie d’une vaste agence internationale qui opère pour le compte de plusieurs pays étrangers : Russie, Prusse, Hollande, Espagne.

Plus tard, une Italienne, Catherine Ponchinetti, maîtresse du prince de Courlande (1768), puis la veuve Chauvel, maîtresse de l’attaché d’ambassade anglais Fullerton (1779), furent convaincues à la fois d’espionnage et d’escroquerie et séjournèrent à la Bastille.

De 1718 à 1788, 252 femmes sont embastillées pour des délits de caractère politique. Comme nous l’avons vu, il est rare qu’elles agissent de leur propre initiative et qu’elles jouent dans ces sortes d’affaires un rôle de premier plan. Du moins sont-elles utilisées dans les complots, conspirations, entreprises d’espionnage, par des hommes qui se servent de leur finesse ou de leur crédit, ou simplement parce que, femmes, elles inspirent moins de méfiance.

Ces femmes d’intrigues annoncent le monde féminin interlope qui s’agitera autour de tous les conspirateurs au cours de la Révolution.

xiv. La question de la maternité

Au xviiie siècle, déjà, la question du développement de la population préoccupa vivement les dirigeants et quelques efforts furent faits pour encourager chez les femmes du peuple la vocation maternelle.

La misère du peuple des villes et de certaines provinces, l’impossibilité pour un grand nombre de femmes de se marier entraînaient un très grand nombre de naissances illégitimes. Les enfants, ainsi venus au monde, étaient souvent abandonnés, voire tués par les filles-mères. Celles-ci, même, n’attendaient pas toujours la délivrance pour se débarrasser de l’être qui était pour elles une charge et un déshonneur.

Les avortements volontaires étaient fréquents. Les ménages réguliers eux-mêmes ne pouvaient toujours subvenir à l’entretien des enfants lorsqu’ils étaient nombreux et les femmes mariées elles-

  1. Funck Brentano. Loc. cit.