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Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/370

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Toute femme, chef de famille et propriétaire, était susceptible d’y assister. Ces droits, ou plutôt ces coutumes, qui ne furent que rarement codifiées, subsistent encore à la fin de l’ancien régime.

Il semble qu’à partir du xvie siècle, ces droits tendent à devenir purement théoriques. Sans doute, nulle loi générale n’intervient pour retirer aux femmes l’exercice de leur droit de présence aux assemblées. Mais en fait, elles l’exercent de moins en moins fréquemment. On n’a pas encore étudié les assemblées d’habitants dans toutes les provinces de France, Mais la plupart des exemples, que dès à présent nous avons sous les yeux, confirment cette vue. À la fin du xviie siècle, les femmes tiennent encore une place assez importante dans les assemblées d’habitants des villages du Dunois. À Châteaudun, Hiers, Douy, Morzy, Auzouer-le-Doyen, on relève, parmi les comparants, un certain nombre de femmes veuves[1].

Il en est de même dans les villages de Lorraine[2], dans le cœur de la Saintonge[3], et il est vraisemblable qu’il en fut ainsi dans d’autres régions.

Mais au xviiie siècle, la présence des femmes aux assemblées semble devenir exceptionnelle, et dans les régions même où elle était de règle, au siècle précédent, tomber en désuétude. « Plus on se rapproche des temps modernes, plus le nombre des comparants diminue et les femmes sont les premières à faire défaut[4]. » La présence des femmes, de normale qu’elle était, devient exceptionnelle.

Mais il s’agit là d’un fait général : le désintéressement des habitants d’assemblées municipales dont la compétence est de plus en plus restreinte et non d’une modification dans le statut politique des femmes.

À la veille de la Révolution, en effet, les droits des membres de communautés d’habitants, femmes comprises, subsistent sans changement.

Dans toutes les communautés de villages, les habitants peuvent toujours s’assembler quand bon leur semble, même sans l’autorisation du seigneur, et la coutume ne fait aucune distinction de sexe.

« S’il s’agit d’aliéner une partie de leurs bien communaux, bois,

  1. Treize veuves, dans une assemblée tenue en 1689, à Auzouer-le-Doyen. Ch. Merlet, Les assemblées d’habitants dans l’ancien Dunois. Châteaudun, 1887.
  2. Guyot. Les communautés d’habitants en Lorraine.
  3. Audiat. Les assemblées capitulaires en Saintonge.
  4. Merlet. Loc. cit.