Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/392

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niste et l’on pourrait y découvrir l’origine de bien des théories modernes. La réponse de d’Alembert à la lettre de Rousseau Sur les Spectacles est imprégnée du même esprit.

À la fin du siècle, Condorcet écrivit une magistrale étude : l’Essai sur la Constitution et les fonctions des assemblées provinciales, d’où sortira, en 1790, l’un des plus importants manifestes féministe : l’Admission des femmes au droit de cité.

Parcourons les écrits des auteurs de moindre envergure, les observateurs des mœurs de leur temps, comme Mercier ou le marquis d’Argenson. Nous voyons, surtout chez le premier, se poser la question féministe à chaque pas. L’un, observant les mœurs et les usages de la capitale, est frappé de l’importance du rôle de la femme et de l’injustice de la législation ; l’autre, dans ses Mémoires, dans ses écrits restés inédits[1], combat pour la liberté du cœur, pour la réforme du mariage, pour les femmes qui ont eu des faiblesses et exige pour elles du respect.

Naturellement, la question féministe préoccupe les moralistes, du chapelain du roi, Jean-Philippe de Varennes, qui, dans son ouvrage, De l’homme, rompt les lances en faveur du beau sexe, à Restif de la Bretonne, dont une bonne partie des ouvrages moraux ou prétendus tels[2] sont consacrés à l’étude de tel ou tel aspect de cette question.

Moins connus, Mlle  de Chanterolles[3], M. de Cerfvol[4] ont cependant, dans des ouvrages qui ne manquent pas de valeur, parlé du caractère de la femme, du mariage, de la place des femmes dans la société, en fort bons termes.

L’Apologie des femmes est, nous l’avons vu, un véritable genre littéraire, depuis Christine de Pisan. Il est copieusement représenté encore au xviiie siècle. Hommes et femmes rivalisent d’ardeur et de zèle à défendre le sexe.

Quatre femmes : Mme  de Puisieulx, Mme  Galien, Mme  Gacon-Dufour, Mme  de Coicy publient de fort intéressantes brochures, dont la dernière surtout est remarquable et amorce le féminisme économique[5]. Mlle  Archambault soutient, dans le Mercure de France, sa cause contre les attaques masculines. Mais les hommes,

  1. Pensées pour servir à la réformation de l’État.
  2. Le Gynographe, le Pornographe, les Contemporaines.
  3. Aspect philosophique. Paris, 1772.
  4. Gamalogie.
  5. Mme  de Puisieulx. La femme n’est pas inférieure à l’homme. — Mme  Galien. Apologie des femmes. — Mme  Gacon-Dufour. Mémoire pour le sexe féminin. — Mme  de Coicy. Les femmes comme il convient de les voir.