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Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/447

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CHAPITRE V
LE RÔLE SOCIAL DE LA FEMME
i. Les rapports sociaux. Théorie de Rousseau. — ii. Féminisme littéraire. — iii. Féminisme économique. — iv. Revendications des professions libérales. Elle reste académique. — v. La question de la capacité politique. Discussion sur la loi salique. — vi. Le premier plaidoyer de Condorcet.


Quel doit être en dehors de la famille le rôle de la femme ? Achèvera-t-on, par des lois nouvelles, cette évolution des mœurs qui tend à faire participer en fait les femmes d’une manière de plus en plus large à la vie sociale et politique du pays ? Leur donnera-t-on plus largement, par la suppression des dernières entraves légales, les moyens de gagner leur vie ? Leur reconnaîtra-t-on le droit, pour elles-mêmes et pour la plus grande gloire de leur patrie, d’élever leur esprit, ou va-t-on les ramener à la vie de famille et les cloîtrer dans le gynécée ? Sur ces points encore, l’on discute et les avis sont partagés.


i. Les rapports sociaux entre les sexes :
Théorie de Rousseau


Rousseau, qui tient à marquer de toutes les manières l’inégalité des sexes et l’impossibilité pour la femme de prétendre au même rôle, aux mêmes occupations que l’homme, referme rigoureusement sur la femme les portes du gynécée.

« Les hommes à l’extérieur, les femmes à l’intérieur, telle est la loi de la nature. » Et, croyant constater que la nature a doué les hommes et les femmes de goûts et d’inclinations différents, goûts et inclinations aussi divers que les fonctions que la nature leur impose, et que leurs amusements ne diffèrent pas moins que leurs