Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/487

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« Filles, sœurs, épouses des citoyens, pourrions-nous, dit une citoyenne, résister dans une coupable indifférence quand la patrie alarmée appelle tous ses enfants à son secours ? » Et elle demande que, bannissant la frivolité sinon naturelle à son sexe, du moins soigneusement entretenue par le préjugé masculin, la femme, associée et collaboratrice, mère sérieuse, épouse économe, pousse son mari, ses enfants aux actions généreuses, leur donne l’amour du bien public[1]. Dans les ouvrages qu’elle fit paraître nombreux à la fin de 1788 et au début de 1789 et qui annoncent la déclaration des droits de la femme. Olympe de Gouges insiste également sur le grand rôle que les femmes doivent jouer dans la rénovation du pays[2].

Le cri du sage par une femme insiste particulièrement sur le rôle conciliateur que doit jouer dans les assemblées politiques cet esprit féminin qui, même si on en exclut les femmes, y prévaudra.

Quelques femmes d’ailleurs montrent par la pratique qu’elles entendent en effet participer au grand œuvre qui est en train de s’accomplir. Assez nombreuses sont celles qui apportent sur les moyens de résoudre les difficultés où la France se débat, d’intéressantes suggestions.

Lorsque, dans le cours de l’année 1788, on discute la grave question de la convocation des États Généraux, plusieurs femmes joignent leur voix à celle des réformateurs qui en réclament d’urgence la tenue. « Tous les Français, écrit alors dans son Bonheur primitif Olympe de Gouges, sont d’accord sur la nécessité d’assembler le peuple. »

Les remontrances des dames, qui pourraient bien être dues également à la même plume, tiennent le même langage. Les femmes qui désirent les États Généraux n’envisagent ni ne souhaitent d’ailleurs un bouleversement. Elles prêchent la concorde et leurs doctrines, loin d’être extrémistes, sont d’une surprenante modération.

Olympe de Gouges, royaliste sincère, voire passionnée, jusqu’en 1792 ne voit pas de salut pour la France hors de la monarchie héréditaire, seul système qui puisse garantir le pays contre les troubles qui désoleront par exemple l’Angleterre révolutionnaire [3].

Disciple de Montesquieu, dont les idées dominent ses deux

  1. Lettre d’une citoyenne à son amie.
  2. Lettre au peuple. Remarques patriotiques. Le bonheur primitif de l’homme. Le cri du sage par une femme.
  3. Le bonheur primitif.