Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/94

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qu’elles étaient en nombre insuffisant : 60 paroisses sur 97 n’en étaient pas pourvues. L’enseignement mixte était généralement pratiqué. Pour soutenir la lutte contre les protestants, le gouvernement et les autorités ecclésiastiques s’efforcèrent de développer les petites écoles et d’y installer des maîtresses chargées de l’enseignement de la morale familiale et des devoirs religieux, de former des filles modestes et dévouées à leurs parents[1]. Ces écoles furent assez nombreuses pour que l’évêque de Castres permit, dans son diocèse, la participation des garçons de moins de 7 ans à l’enseignement féminin[2]. Les Ursulines enseignaient à Nîmes, Montpellier, Montauban ; des filles de Notre-Dame, à Montauban[3]. En Guyenne, on essaye aussi d’arrêter le progrès des écoles protestantes. Des écoles pour nouvelles converties sont établies sous les auspices des filles de la Foi ou des filles de l’Enfant-Jésus. Mais elles doivent lutter contre le préjugé populaire, défavorable aux femmes vouées à l’enseignement féminin. De nombreuses dénonciations sont envoyées à l’Intendant contre les maîtresses coupables de faire des enfants « des fénéants et des chicaneurs, sangsues du peuple[4] ».

En Champagne, et bien que les préoccupations de la lutte religieuse ne semblent pas y avoir part, le développement de l’instruction apparaît comme fort important au xviiie siècle.

Des écoles, dirigées par les filles de Notre-Dame, sont établies à Soissons et à Château-Thierry[5], des Bénédictines enseignent à Châlons. Dans de petites localités, comme Germinon, Juvigny, Rogny, des sœurs sont chargées de tenir les écoles de filles[6]. À la Ferté-Gaucher, les maîtresses sont assez nombreuses pour former une communauté[7]. En 1770, on compte dans l’Aube seulement 420 écoles et, de 1690 à 1790, la moyenne des femmes lettrées passe de 22 à 39[8]. Les Conseils de ville (Rosnay, Vandœuvre, Troncels) se préoccupent d’établir des écoles[9].

  1. Règlement des petites écoles de Béziers, cité par le Dictionnaire de pédagogie, art. Languedoc.
  2. Arch. dép., Haute-Garonne, B. 1807
  3. Arch. nat., D. XIX, 4 et 5.
  4. Arch. dép., Gironde, C, 3293.
  5. Dictionnaire de pédagogie : art. Aisne.
  6. Arch. dép., Marne, C. 604 et 655.
  7. Abbé Allain. L’instruction primaire avant la Révolution.
  8. Dictionnaire de pédagogie : Marne.
  9. Arch. dép., Aube, E. 821, C. 899, 1953.