Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/220

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pas, qu’elles ne pouvaient comprendre faute d’éducation, les étonnaient, quand elles ne les révoltaient pas. Les femmes habituées à leur antique esclavage et « se croyant au rang que la nature leur a assigné[1] » déclaraient pour la plupart que « tout était pour le mieux dans les codes de l’Empire et dans les nouvelles lois où leur part a été faite sans leur consentement[2] » ; elles ajoutaient qu’il ne leur appartenait en aucune façon de faire œuvre d’êtres indépendants ni même de manifester une opinion quelconque, « si ce n’est sur les rubans et les confitures » ; pour tout dire, elles se prosternaient, à la grande indignation de la Gazette des Femmes[3], « devant la toute-puissance de la barbe ». Aussi l’action des théories féministes, « très lente sur les hommes, » est « presque nulle sur les femmes[4] ». Ce qui venait retarder encore leur progrès, c’est qu’on les croyait inséparables du saint-simonisme. « Le saint-

  1. La Femme nouvelle, no 17.
  2. La Gazette des Femmes, numéro de décembre 1836.
  3. Ibid., et Flora Tristan, Pérégrinations d’une paria.
  4. La Femme nouvelle, no 17.