Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/30

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si « la matière n’est comme l’esprit qu’un des deux aspects… de l’Être infini[1] », il n’y a plus de raison pour considérer avec les chrétiens la matière comme la personnification du mal.

Nous voilà arrivés à la fameuse idée de la réhabilitation de la chair, un des points les plus importants de la philosophie saint simonienne.

Or, dans la religion chrétienne, contre laquelle le saint-simonisme est, il ne faut pas l’oublier, une réaction, la personnification de la chair c’est la femme ; la femme, être exclusivement matériel d’après certains théologiens[2], et chez lequel, en tout cas, prédominent les influences matérielles ; la femme, instrument par excellence dont se sert le démon pour faire tomber les malheureux mortels dans le péché de la chair. Réhabilitant la chair, le saint-simonisme devait donc relever la femme de l’état d’infériorité où l’avait tenue le christianisme. Mais la phi-

  1. Enfantin, Exposé de la doctrine saint-simonienne.
  2. Le concile de Mâcon ne décida qu’à quelques voix de majorité que la femme avait une âme (ive siècle).