Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/84

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C’est cette théorie que George Sand développe dans Lélia et surtout dans Jacques. L’héroïne du premier de ces deux romans, Lélia, se considère après une union libre comme « veuve devant Dieu[1] » et se refuse toujours à contracter une nouvelle union.

Quant à Jacques, il nous montre tout un groupe de personnes pour qui l’union libre est la loi naturelle[2] et la règle générale, sur elle s’établissent des rapports sociaux et mondains. Cela est si vrai que Jacques, quoique marié suivant les formes consacrées, se considère toujours comme vivant en état d’union libre ; il ne se reconnaît pas même le droit de s’irriter contre sa femme lorsqu’elle cesse de l’aimer et pousse l’abnégation jusqu’à s’effacer devant son rival. Dénouement invraisemblable, certes, mais où se montre l’une des plus hautes aspirations de George Sand : les droits imprescriptibles de tout être humain au bonheur et à la liberté ; le devoir

  1. Lélia, 5e partie.
  2. Nous voyons l’un des héros inviter chez lui l’amant de sa sœur ; l’une des héroïnes déclarer tout naturellement qu’elle a eu « des amants ».