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Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/27

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l’U. F. S. F., de la Vie Féminine du Conseil National : dans les comités, fraternisant avec le monde parlementaire, le barreau, l’université, la noblesse catholique, protestante et israélite. Dans les groupes provinciaux, l’enseignement supérieur et secondaire, quelques institutrices et un grand nombre de jeunes filles de moyenne bourgeoisie. Le vrai peuple : paysans et paysannes, ouvriers et ouvrières d’usine n’est pas encore entamé. Ceux-là ignorent et parmi ceux-ci les hommes sont hostiles, les femmes indifférentes.

« Intellectuel et bourgeois » tel le définissait une des combattantes de la première heure, tel en effet le féminisme apparaissait à l’aurore de la guerre. Ce fut sa faiblesse ; c’est aujourd’hui sa force. Ces bourgeoises, ces intellectuelles, si elles ne formaient pas ces « masses » qui seules intéressent les gouvernements, réussissaient par un patient travail à convertir leurs maris, leurs frères ; et, députés, universitaires, avocats répandant les idées nouvelles pénétrèrent de leur doctrine les classes dirigeantes. En 1914, plus de deux cents parlementaires et parmi eux bien des leaders (Buisson, Jaurès, Sembat, Thomas, Charles Benoist), étaient en principe favorables ou suffrage féminin.

Recrutées parmi l’élite, disposant de l’influence que donnent la situation politique ou mondaine, le talent littéraire, la richesse, les féministes ont su, mieux peut-être qu’elles ne l’avaient fait pour elles-mêmes user de toutes ces forces dans l’intérêt national. C’est qu’en transformant leur entourage, les femmes se sont elles-mêmes transformées. Peu à peu la conquête du bulletin de vote