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Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/29

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L’exemple des initiatrices, des militantes du féminisme n’a pas été vain puisque, même à celles qui ignoraient, même à celles qui repoussaient leurs théories, il a appris que, tout en restant femme, épouse et mère, sans rien abdiquer de sa grâce ou de sa tendresse, on pouvait en certaines circonstances penser, écrire, agir comme un homme, mieux que l’homme parfois.

Le féminisme théorique et pratique a donné aux femmes confiance en elles-mêmes, en la justesse de leurs revendications, en la possibilité pour elles de bâtir avec l’homme l’édifice social. Il a amené les hommes à se dépouiller quelque peu de leur orgueil atavique, à ne plus se considérer comme « le pays légal » de la société, à admettre parfois, en principe du moins, pour leurs tâches grandes ou petites, la collaboration de leurs compagnes.

Ainsi les femmes tiennent désormais dans la société une place considérable. L’opinion publique s’habitue à leur voir tenir une place de plus en plus grande, et ne s’étonne plus de leur collaboration active à presque tous les métiers ou professions. Ceci au moment même où les intérêts de l’État comme les intérêts individuels réclament avec instance cette collaboration.

Les années que nous vivons offrent au monde un spectacle encore sans exemple, quelles que soient les grandes crises qui l’aient jusqu’alors torturé. Pour la première fois sont aux prises dix peuples arrivés au stade des armées nationales et du service militaire obligatoire. Pour la première fois, la mobilisation générale arrache à ses devoirs civils, à ses occupations