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par la vertu magique de la guerre et parée d’autant de qualités merveilleuses qu’elle avait eu jusqu’alors d’odieux défauts.

Sèche et frivole, férue de boxe et de tango, peu instruite et ridiculement parée, cervelle d’oiseau, cœur de diamant, telle apparaît la femme avant la guerre à travers le prisme déformant qu’ils placent devant nos yeux.

Austère sous les voiles et le bonnet monastique de la Croix-Rouge, héroïque et sublime comme l’âme même de la Patrie telle, vue à travers le même prisme, la guerre l’a faite pour notre admiration et notre salut.

Combien extraordinaire une telle transformation, comment ces fleurs superbes sur un arbre aux racines desséchées, les partisans, ils sont légion encore, du miracle quand-même ne prennent même pas la peine de se le demander.

Les femmes ont tour à tour pâti et bénéficié comme toute la France d’un mirage trompeur : 1914 l’archétype du Français pour l’étranger et pour lui-même, c’est le Parisien sceptique et corrompu ; 1916 : c’est le « poilu » devant lequel pâlissent les héros fameux de l’antiquité.

Et le pantin et la poupée touchés d’une baguette magique deviennent soudainement personnages d’épopée. Réfléchissez, esprits simplistes, qu’il existait avant la guerre quelques dizaines de millions de Français en qui survivaient le courage et les vertus de la race et que quelques-uns, pendant la guerre, ont pu se montrer au-dessous de leur tâche.

Aux femmes s’applique le même raisonnement. Certes