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— Dis donc, Fanfan ? et elle me propose des choses folles que dans son esprit enchaîné elle trouve réalisables, naturelles. J’ai rougi des projets insensés et je savoure l’infortune de mon existence, l’orageuse rancœur de mon amour impossible.

— Jeanne, ma petite Jeanne adorée !

Doucement, je la serre sur mon cœur. Ses larmes silencieuses collent à ma joue brûlante et sur ses lèvres vermeilles que j’écrase avec force, je bois l’atroce saveur du dernier baiser.

— Mon amour !

De la portière du train qui s’ébranle, elle m’a crié des mots tendres :

— Adieu, mon bel amour !

Un signe de la main qui défaille et j’ai couru au long du convoi, pour saisir au vol, son petit mouchoir trempé de larmes.

Un instant je suis resté planté là, sans courage. Mon front ruisselle. Je dois être hagard.

Jeanne, Jeanne de Kergar au doux nom d’amour !

Et j’ai mis sur mon cœur le petit mouchoir mouillé de larmes.

Luc Gorman, moi aussi j’ai fait un joli rêve !…

FIN