Page:Abgrall - Et moi aussi j ai eu vingt ans.djvu/55

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et, prenant ma tête sur ses genoux, elle me caresse et me gronde.

— Pourquoi ne veux-tu pas ?

Farouche, j’insiste. Elle se trouble.

— Sois à moi !

Doucement, elle a murmuré :

— Fanfan, ces choses-là ne se demandent pas.

Furieux, outré, je me dresse sarcastique.

— Tu as raison. Ça se fait sans demander !

Toute ma personne goguenarde insulte. Elle est là, douloureuse, les larmes aux yeux, qui implore ma soumission, et moi, la bouche mauvaise, pleine de rancune et de fiel, je lui ai crié :

— Va-t-en ! Va-t-en !

— Fanfan ! Fanfan ! Elle pleure avec des hoquets de petite fille.

— Fanfan ! Fanfan !

Humble et pauvrette, elle supplie. Des sanglots me brûlent la gorge. Comme je voudrais la prendre dans mes bras, lui demander pardon, rouler à ses pieds. Et je reste là, méprisant de tout mon orgueil révolté. Et je l’ai chassée comme une fille, sans un mot de regret, pour m’avoir fait don de sa beauté au péril de sa vie, pour m’avoir trop aimé.

J’ai tué mon amour, mon Dieu ! mon Dieu !