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Mon cœur est un rosier


Malheureux, les cœurs qui ne refleurissent pas, qui ne donnent qu’une rose ou qui n’ont qu’une saison. Le mien arbore aujourd’hui, un gracieux bouquet. J’aime Jeanne de Kergar et elle m’aime. Oui, je suis sûr qu’elle m’aime. Est-il plus grande félicité ? La première ivresse du bonheur se rapproche de l’absolu et dans ma griserie, je chante éperdument l’exquise et toujours nouvelle chanson d’amour, jamais banale, jamais vulgaire, dans la chaleur de son éternel mirage.

J’adore Jeanne de Kergar.

Il est aussi absurde de demander à quelqu’un pourquoi il aime, que de demander à l’oiseau pourquoi il chante et aux fleurs pourquoi elles ont des parfums.

Je vis dans l’extase de la passion partagée et comblée. Jeanne a été à moi, elle l’est encore, comme je suis à elle, sans souci des préjugés idiots, sans considérations stupides. Nous nous aimons. Ceux qui ont le cœur épris doivent vibrer de la tête aux pieds. On se prend et l’on se donne. C’est tout et c’est simple. Les véritables amants, les amoureux sincères, ignorent les complications sentimentales et ils éliminent de leur amour tout ce qui peut l’attiédir ou lui nuire.

Le passé est mort. Ne pensons point à l’avenir. Jouissons du présent. Ce qui fut n’est plus. Rien ne le fera revenir. Ce qui est, est bien. Alors, aimons-le. Ce qui sera, aura peut-être de rudes revanches. Méprisons-le !