Page:Abgrall - Luc hed ha Moged.djvu/58

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Courbé sur son pen-baz de chêne,
Le vagabond par les chemins,
Mange les mûres et les fênes,
Fuit les écoles, les gamins.
Il connaît la chanson qu’égrène
Le vent dans les sombres sapins.
Alors, oublieux de sa peine,
Il veut la reprendre au refrain.

Un jour, s’échappant de sa gaîne,
Son âme dans l’air argentin
Quittera la terre inhumaine,
Mais sans médire des humains.
Alors le lutin dans la plaine
Cessera ses ébats soudain,
Heureux pour lui de cette aubaine,
En disant : C’était un malin.

Dieu vous bénisse, bonnes gens,
Dont le cœur et la bourse ensemble,
S’ouvrent ainsi d’un même élan
Devant le miséreux qui tremble.
Ayez pitié des pauvres hères,
Du béquillard endolori,
De tous ceux-là dont les misères
Savent encore dire : Merci !