Page:Abgrall - Luc hed ha Moged.djvu/91

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J’aimais les fleurs, j’aimais les roses,
Les oiseaux, les parfums, les chants.
J’aurais adoré d’autres choses…
Et j’ai pleuré sur mes vingt ans !

Pleuré ? mais bien sûr en cachette…
Qui donc a su que j’ai souffert ?
Quand mes pareils étaient en fête,
Bravement, j’ai dressé la tête.
Qui donc a su que j’ai souffert ?
Que mon rire éclatait amer ?

Et si plusieurs ont pris ma main,
J’ai refusé leur douce obole,
La bonne amitié qui console,
Le regard qui fond le chagrin.
De tout mon cœur qui se désole,
J’ai fait le fou, j’ai fait le drôle.
Plus j’aimais, plus j’avais dédain.
Rire et souffrir, quel vilain rôle…

Envoi
Pourquoi donc, nature perverse,
M’as-tu fait craindre la pitié ?
Crois-tu que les larmes qu’on verse
Sont indignes de l’amitié ?
Ah ! si l’amour en ce bas monde
Ne chantait que de gais couplets,
S’il n’était qu’amours gentillets,
Notre cœur qui toujours abonde
En soupirs, en pleurs, en regrets,
Serait violon sans archet !