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L’ENVOÛTÉ


À François Ménez.


« Depuis tantôt près de trois ans,
Je vous le jure par sainte Anne,
Je fus envoûté à Guingamp
(Si ce n’est vrai que Dieu me damne…)

J’ai prié notre Bonne Vierge,
Espérant être sauveté.
J’ai fait brûler des tas de cierges,
Dans l’église de la Clarté,

Et j’ai jeûné ! j’ai fait carême
Plus longtemps qu’il n’aurait fallu,
Espérant qu’alors l’anathème,
S’envolerait ainsi déçu.

De bonnes gens qui font négoce,
D’exorciser, de tout savoir,
Ont pris mes écus ! je me gausse
Aujourd’hui de leur vain savoir.

Un affreux caquou qui incante
Voulut aussi soigner mon mal.
Mais rien n’y fit, toujours me hante
Un souvenir aimé, brutal.