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PARURES DE NEIGE
DANS LA MONTAGNE


À Jacques Gourmelon.


L’Arré s’est recueilli sous son manteau de givre,
Mais je lis dans son cœur comme dans un vrai livre,
Oui ! je sais qu’il médite à la chanson du vent,
Sur le bon temps passé puis sur le temps présent.

La blanche neige ouatant les garennes austères,
Harmonise à souhait les horizons sévères,
Artiste résolu de tout repeindre, au gré
Fantaisiste et charmant de sa dualité.
Son âme qui vibre, dans l’absolu silence
Quémande le secret de son intermittence,
À mille êtres grouillant, sous son épais tapis,
À des peuples entiers bien chaudement blottis,
Aux genêts, aux ajoncs, aux bruyères craintives,
Aux fougères en deuil, aux merles, puis aux grives
Attardés et bloqués dans de méchants buissons ;
Aux roitelets gaillards, à d’autres oisillons,
Aux lézards endormis, les seuls que rien n’effare,
Dans leur antre inconnu, nul souci ne s’égare…

Mornes et bruns, trouant le ciel plus gris, des rocs,
Dont les noms sont si durs et coupants, tels des socs.
Des rochers dont les noms nous disent l’humeur fière
Et vont, clamant bien haut leur belle ardeur guerrière.