Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/103

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le plus aux pauvres et le coin d’Italie où la charité prodigue les plus riches aumônes. À Quimper comme à Rome, mon premier mouvement fut de chercher par quel miracle tant d’argent répandu avait multiplié la misère au lieu de la guérir. À Rome comme à Quimper, les plus sages et les meilleurs m’ont répondu : « C’est tout simple ; plus on arrose la mauvaise herbe, plus elle croît abondamment. »

Si personne n’avait le triste courage de tendre la main dans les rues, personne lie songerait à donner dix centimes au fainéant qui ne les a pas gagnés. Mais si tous les producteurs s’entendaient pour refuser l’impôt à ceux qui refusent de produire, tous les individus valides se mettraient en devoir de gagner leur vie par eux-mêmes, et l’on ne mendierait plus.

Voulez-vous fabriquer des mendiants par centaines ? Ouvrez votre fenêtre et jetez un franc à tous ceux qui viendront chanter ou geindre devant vous, dans la rue ou dans la cour. Le lendemain, vous aurez la visite de tous les gueux de profession ; avant huit jours, cinquante individus de votre quartier, qui n’avaient pas encore tendu la main, voudront profiter de l’aubaine, et le mal de mendicité gagnant de proche en proche comme une épidémie, Dieu sait où il s’arrêtera.