duction du coton dans quelques provinces américaines, et les menuisiers de Paris payeront leurs chemises plus cher. Lorsqu’un dock, un grand magasin périt n’importe où, à Londres ou à Bordeaux, avec les marchandises qu’il renferme, la provision du genre humain est diminuée d’autant, et la perte se répartit sur tous les hommes. Le pillage et le vol équivalent, nous l’avons dit, à la destruction des biens. Voilà comment chacun de nous est poussé par un mouvement naturel à éteindre les incendies, à réprimer les crimes, à combattre énergiquement tous les fléaux qui menacent le bien d’autrui. Voilà pourquoi l’instinct, avant le raisonnement, vous attriste à la nouvelle d’une guerre ou d’un naufrage.
Les grandes épidémies, aussi bien que la guerre et les naufrages, suppriment une multitude d’individus valides, capables de rembourser à la communauté humaine les avances qu’elle a faites pour eux. Donc, si vous raisonnez, vous aurez le cœur en deuil chaque fois que l’on vous annoncera une destruction d’hommes. Les égoïstes diront : « Que m’importe le choléra, s’il est aux Indes ? Qu’ai-je à craindre de la guerre civile, si elle se débat entre Américains ? Les Taïpings ont égorgé toute la population d’une province, mais je m’en moque bien : c’est en Chine ! »