mille hommes faits tombent sur un champ de bataille, il y a cent mille travailleurs de moins, et la production collective de l’humanité décroît d’autant. Je sais que ce grand vide sera bientôt comblé par de nouvelles naissances, mais cent mille enfants nouveau nés ne remplacent pas cent mille hommes. Il se passera vingt années avant qu’ils fassent rien d’utile, et pendant ces vingt ans, la communauté du genre humain, dont nous sommes, devra les nourrir à crédit. La destruction de cent mille hommes est donc une perte réelle, qui se répartit sur le genre humain tout entier, sans. excepter le vainqueur de cette grande bataille. Il a obtenu les avantages qu’il désirait le plus pour le moment. Mais les querelles ne sont qu’un accident dans la vie de l’humanité ; les plus grosses questions politiques n’ont qu’un temps : l’intérêt économique qui nous rend tous solidaires est éternel et immuable. Deux peuples se font la guerre aujourd’hui, mais ils préparent leurs échantillons d’échange pour la grande exposition de demain.
Je croirais faire injure aux Français qui me lisent si j’insistais davantage sur ce point, mais il n’est malheureusement pas inutile de démontrer à nos contemporains deux autres vérités tout aussi positives.